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Lotte Arndt / Goethe-Institut Fellowship 2016OCTOBRE – DÉCEMBRE 2016
01oct201631déc2016
Le Goethe-Institut et la Villa Vassilieff ont créé ensemble en 2016 un programme de bourses à destination de commissaires d’exposition allemands. Chaque année, un commissaire est invité à développer un projet de recherche à la Villa Vassilieff, en partenariat avec une institution allemande et avec la possibilité de dialoguer avec de nombreuses institutions (musées, archives, écoles, ou membres de la société civile). Cette bourse est attribuée en parallèle des programmes Focus, organisés chaque année par le Goethe-Institut dans une ville ou un Land allemand.
Pour sa première édition, la bourse est attribuée à Lotte Arndt, commissaire, théoricienne, écrivaine et enseignante venue de Cologne, en conversation avec la Temporary Gallery (Cologne, Allemagne).
SI NOUS HABITIONS UN SEUIL
Par Lotte Arndt
Franchir un seuil équivaut à établir une limite, une frontière. Se trouver d’un côté ou d’un autre. Dedans ou dehors. Faire partie ou être exclu.e. Se retrouver dans des alternatives qui s’opposent. Le seuil y figure comme le trait physique, localisable, unitaire par lequel le passage se fait sans même le frôler. Mais il est aussi bien souvent la limite par laquelle le passage est rendu impossible, limite qui empêche, retient, repousse, sépare.
Or, si nous habitions le seuil, il s’avèrerait divisible à l’infini. Il glisserait en permanence, se décomposerait dans des bordures suturées, plurielles, discontinues et mobiles, en constante transformation. Il ne cesserait de multiplier les points de passage qui se défèreraient déjà en se dessinant. Il ne fournirait jamais un fondement constant et solide, mais une zone parfois opaque, sans certitudes, parfois éparpillée en mille éclats, resplendissants, attirants et dangereux.
Le présent projet propose de se tenir dans ce glissement permanent, en rapprochant deux sphères qui paraissent dans un premier temps éloignées, voir opposées : les objets patrimonialisés dans les musées d’ethnographie et d’histoire naturelle et le besoin fondamental d’habiter, dans un sens large, comme une nécessité de premier ordre, une condition sine qua none pour les êtres sociaux, d’être chez soi dans la société au sein de laquelle ils.elles évoluent.
Les deux journées d’atelier qui concrétiseront les interrogations menées dans le cadre de la résidence invitent à investir la zone trouble du seuil en revisitant deux aspects intimement liés à l’existence historique de la Villa Vassilieff, pour en tirer des liens vers des possibles répercussions contemporaines. Le lieu et les vécus qu’il a abrités au début du vingtième siècle (en l’occurrence, ses entrecroisements avec le courant primitiviste ainsi que l’atelier transformé en cantine) seront pris comme point de départ pour nouer des multiples fils de récits qui attendent leur invention, leurs croisements, et leur traduction dans le présent.
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BIOGRAPHIE DE LOTTE ARNDT
Lotte Arndt enseigne à l’Ecole d’art et de design de Valence depuis 2014. En 2013, elle achève sa thèse consacrée aux revues parisiennes prenant pour objet l’Afrique, et travaille comme chercheuse en résidence à l’Ecole d’art de Clermont Métropole. Elle a été la coordinatrice du projet de recherche artistique « Karawane » qui accompagna le montage du Pavillon Belge par Vincent Meessen et Katerina Gregos à la Biennale de Venise de 2015. Elle fait partie du groupe de recherche « Ruser l’image » et publie régulièrement autour des notions de présent postcolonial et des stratégies artistiques visant à subvertir les institutions et discours eurocentrés. Ses publications récentes incluent Crawling Doubles. Colonial Collecting and Affect (avec Mathieu K. Abonnenc et Catalina Lozano), Paris, B42, 2016 ; Hunting & Collecting. Sammy Baloji, (avec Asger Taiaksev), Brussels, Paris, MuZEE and Imane Farès, 2016 et Les revues font la culture ! Négociations postcoloniales dans les périodiques parisiens relatifs à l’Afrique(2047-2012), WVT, 2016.
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