Presse et littérature africaine(s)Appel à contribution - Université Paul Valéry – Montpellier 3

Awa: la revue de la femme noire (Baïdy Sow, Jan-Feb 1965)

Ce colloque invite à réfléchir sur les relations réciproques entre la presse et la littérature africaine(s) au XXe et au XXIe siècles. Depuis les bulletins coloniaux jusqu’aux revues en ligne en passant par les magazines illustrés et les grands quotidiens créés après les indépendances, le périodique a constitué, pour les écrivains issus d’Afrique, un support de publication décisif. Les travaux d’histoires littéraire, sociale et culturelle ont mis ces dernières décennies en avant les multiples formes de croisements entre presse et littérature : sur le continent africain, ils se sont cependant plus timidement étendus aux contextes francophones, en dépit de quelques études pionnières (Ricard, 1987 ; Lüsebrink 2003 ; Thérenty 2014 ; Jaji, 2014 ; Bosch-Santana, 2014 ; Peterson, Hunter et Newell, 2016). C’est dès la fin du xixe siècle que la presse publiée en Afrique a offert des lieux d’expression aux écrivain·e·s, importants en quantité, et souvent cruciaux au niveau de leur contenu et de leur réception, comme l’a notamment montré Hans-Jürgen Lüsebrink dans un ouvrage invitant à reconsidérer l’histoire littéraire africaine traditionnelle, en élargissant le corpus canonique de langue française. Stephanie Newell a théorisé ailleurs la souplesse et la créativité du travail des auteur·e·s et de leurs publics dans la presse produite en Afrique occidentale britannique entre 1880 et 1940. Au-delà de la période coloniale, quelles continuités et quelles discontinuités touchent la presse africaine jusqu’à aujourd’hui ?

Plus encore qu’à la présence des auteur·e·s africain·e·s dans une presse européenne généraliste, une attention particulière sera portée à leurs prises de parole dans des parutions affichant leur rattachement à l’Afrique, qu’elles soient produites sur le continent, qu’elles soient destinées à un public national, africain ou encore diasporique. Si les revues intellectuelles, sur le modèle de Présence africaine ou de Black Orpheus, ou le magazine Drum en Afrique du Sud, ont été bien étudiés désormais (Mudimbe, 1997; Helgesson, 2007 ; Frioux-Salgas, 2009; Arndt, 2016), les journaux (comme Dakar-matin, devenu Le Soleil) et les magazines, parfois de grande diffusion, à l’image de Bingo : l’illustré africain, Awa : la revue de la femme noire, Jeune Afrique, ou, en langue anglaise African Parade et Joe, ont en effet été beaucoup moins abordés sous l’angle de leurs interactions avec la production littéraire qui leur est contemporaine. Ce sont pourtant des espaces où se mettent en place des sociabilités, des débats, et des dynamiques d’hybridation avec la littérature, qu’elle soit écrite ou orale (Frère 1999).

Comment ces périodiques, inscrits dans un espace public politisé, ont-ils aussi nourri la production littéraire africaine, à travers des références et des débats intellectuels propres, la place du divertissement, de certaines rubriques et de formes littéraires courtes (poésie, conte, nouvelle, feuilleton), ou les interventions d’écrivain·e·s journalistes ou pigistes ? Quels sont les espaces géographiques de référence de ces parutions, quant à leurs zones nationales de distribution, quant à la localisation de leurs publics, quant à leurs choix linguistiques, mais aussi quant à la place qu’elles réservent à un imaginaire cosmopolite ? En quoi le caractère éphémère et, souvent, transnational, de cette presse africaine modifie-t-il l’inscription de la littérature dans l’espace et dans le temps ? En d’autres termes, dans quelle mesure la prise en compte de la presse africaine permet-elle de penser un autre type de mondialisation des littératures que celle que produit un marché éditorial dominé par l’hémisphère nord?

Les propositions s’appuieront de préférence sur un matériau empirique : un périodique ou un moment précis, des figures d’auteurs journalistes ou pigistes dont il s’agira de caractériser l’écriture dans la presse, ou ce que lui doit l’œuvre développée ailleurs, l’attention à tel ou tel texte littéraire présent dans ces parutions, en français, en anglais, et/ou dans des langues africaines. Elles pourront mettre l’accent sur des aspects méthodologiques : comment étudier, en effet, ce corpus extrêmement abondant (archives, numérisations, bases de données, analyses textuelles, contextualisation historique et sociale) ?

Les communications pourront ainsi s’articuler autour des sujets suivants :

  • circulation de modèles, de rubriques et de textes (y compris d’une langue à l’autre, à l’échelle diasporique et transatlantique) ;
  • dynamiques de sociabilités, d’échanges et de réseaux entre écrivains, journalistes, financeurs, éditeurs ;
  • rôle de la presse dans la promotion, la circulation, l’institutionnalisation, la forme de la littérature africaine ;
  • trajectoires sociales et présences d’écrivain·e·s africain·e·s dans la presse : entretiens, portraits, critiques littéraires, journalistes.

Merci d’envoyer vos propositions (300 mots), avec un titre et une courte biographie (50 mots maximum) à colloquepresseafricaine @ gmail.com d’ici le 1er décembre 2017. La langue principale du colloque sera le français. Nous envisageons la publication d’un numéro de revue à la suite de ces rencontres.

Organisatrices du colloque : Ruth Bush (Université de Bristol) et Claire Ducournau (Université Paul Valéry – Montpellier 3 – RIRRA21)

 

Informations pratiques :

Le colloque se tiendra à l'Université Paul Valéry (Montpellier 3, RIRRA21) les 19 et 20 mars 2018.

 


 

African Literature and the Press 

This conference will reflect on the reciprocal relationship between the press and African literature of the 20th and 21st centuries. From colonial news bulletins to online magazines, via illustrated glossy magazines and daily papers created after the independences, the press has been a decisive mode of dissemination for African writers. Research in literary, social and cultural history has highlighted in recent decades the multiple contact points between the press and literary form on the African continent, though to more a limited extent in francophone contexts (Ricard, 1987 ; Lüsebrink 2003 ; Bosch-Santana, 2014 ; Thérenty 2014 ; Jaji, 2014 ; Peterson, Hunter et Newell, 2016). The press published in Africa has offered a significant space to African writers since the end of the nineteenth century. In the francophone context Hans-Jürgen Lüsebrink’s pioneering work invites us to reframe early African literary history by expanding the canonical francophone African corpus. Elsewhere, Stephanie Newell theorises the innovation and creativity of authors and their publics in the press produced in British West Africa between 1880 and 1940. Beyond the colonial period, what continuities and discontinuities might emerge in the African press up to the present day ?

Our primary focus in this conference will be on the presence of African writers in the press produced on the African continent, and/or aimed principally at an African or diasporic audience. While intellectual journals such as Présence Africaine or Black Orpheusand the South African magazine Drum, have been amply studied (Mudimbe, 1997; Helgesson, 2007 ; Frioux-Salgas, 2009; Arndt, 2016), newspapers (such as Dakar-matin, which became Le Soleil) and ‘big’ magazines (such as Bingo : l’illustré africainAwa : la revue de la femme noireJeune Afrique, or in English, African Parade and Joe) have only recently begun to be analysed in terms of their interaction with contemporary literary production. These are crucial spaces where debates and social networks leave their trace alongside dynamic exchanges with oral and written literary texts (Frère, 1999).

Inscribed in a politicised public space, how does the press nourish African literary production via its references and intellectual debates, the impulse to entertain, certain rubrics and literary forms (poetry, conte, short stories, serialization), and the interventions of writers as journalists ? What are the real and imagined geographical spaces of these publications in terms of their distribution, the location of their readership, their choice of language, and the space they reserve for a cosmopolitan imaginary ? How does the ephemeral and often transnational character of the African press modify the inscription of literature in time and space, beyond dynamics of centre-periphery ? How might the African press ‘world’ literature differently to the circuits of literary publishing located in the global North?

We welcome proposals drawing on empirical material: a periodical or a particular moment, specific journalists, authors or columnists and their writing styles in the press (and in turn what their subsequent or parallel literary writing might owe to that work in the press) ; analysis of literary texts presented in these publications in French, English, and African languages. Papers exploring methodological issues are also welcome : how can we study this abundant corpus (archives, digitization, databases, literary analysis, historical and social contextualisation) ?

Further possible topics:

  • The circulation of models, rubrics, texts (including from one language to another, on a diasporic and transatlantic scale)
  • Modes of encounter, exchange and networking between writers, journalists, financers, publishers
  • The role of the press in the promotion, circulation, institutionalisation, and forms of African literature
  • Social trajectories and presence of African writers in the press : interviews, portraits, literary criticism, journalism

Please send abstracts (300 words) with a title and a short biography (50 words max) to: colloquepresseafricaine @ gmail.com by December 1, 2017. The principal language of the conference will be French. We plan to publish a special issue from a selection of the papers presented.

Conference organisers: Ruth Bush (University of Bristol) and Claire Ducournau (University Paul Valéry – Montpellier 3 – RIRRA21)

 

Details :

The conferences will be held on March 19 and 20, 2018, at the Université Paul Valéry (Montpellier 3 – RIRRA21), France.