Mouvements culturels et supports médiatiques océan Indien (XIXe-XXe)Appel à contribution - Université de La Réunion

Couverture de la revue "Temoignage Chrétien de la Réunion"

Ce colloque, porté par des chercheurs en littérature et en sciences de l’information et de la communication, s’adresse également à d’autres disciplines de sciences humaines et sociales. Il s’intéresse à de nouveaux modes de cartographie d’un monde culturel fondé sur des pratiques immédiates, des pratiques sociales éphémères ou plus longues, ainsi que sur la recherche d’une archive coloniale et post-coloniale.

Toute exploitation de l’écrit, de l’image à des fins de persuasion politique - y compris religieux - pourra être considérée comme appartenant au genre de la propagande ou de la contre-propagande. On s’intéressera à la question des supports médiatiques et/ou de la suggestion de discours et de motifs identiques par des médias différents (diffusion polysémiotique et plurimédiatique d’un sujet de propagande ou de contre-propagande).

Le corpus se compose d’affiches, de publicités, de sermons, de discours politiques, de films, de pièces de théâtre, d’archives médiatiques (on s’intéressera aussi aux productions d’écrivains, intellectuels, artistes indianocéaniques dans les revues européennes), d’expressions d’arts populaires, dont la chanson (qui a été un vecteur essentiel de contre-discours en des temps de répression de l’expression populaire). La « littérature » est ici envisagée dans son sens le plus large. Par exemple, la seule période 1840-1848 est passionnante quant aux seuls débats existant sur le seul territoire réunionnais autour de l’abolition de l’esclavage, de la défense des Noirs, de la mise en place de l’engagisme dès les années 1830 (Courrier de Saint-Paul). Elle nous montre comment la littérature (fiction, poésie, essais, spectacles) s’engage et peut être instrumentalisée face aux combats.

Les thèmes de la propagande et de la contre-propagande dans l’océan Indien sont divers selon les époques. Ils permettront d’approfondir l’histoire et de l’envisager sous un angle particulier. Différents thèmes peuvent être suggérés sans que l’on cherche ici l’exhaustivité, tant la sphère Océan indien propose une palette étendue et une riche matière. Politiques sanitaires, éducatives, linguistiques (créole, malgachisation, etc. ...). Rattachement de certains territoires à leur métropole ou, au contraire, appels à l’indépendance.... Abolition ou maintien de l’esclavage; maintien des anciens esclaves dans les plantations ou (?) appels contradictoires, etc... 

 On montrera aussi la circulation de ces discours et de ces motifs d’un camp idéologique à un autre, les variantes qu’occasionne le changement de support. 

Il s’agit d’interroger des acteurs (participants), des textes (archives, revues, presse, littérature), des images qui permettront de retracer (au sens littéral) l’histoire des mouvements revendicatifs qui s’opposaient aux pouvoirs établis dans l’océan Indien. Épousant une perspective épistémologique globalement postcoloniale, ce colloque vise à analyser et interroger la mémoire des idées et des représentations militantes qui émergeaient alors et qui s’exprimaient dans le corpus.

Articulant théories et enquêtes empiriques, le colloque s’intéresse aux discours, aux pratiques et aux usages qui sont ainsi considérés comme historiquement et anthropologiquement situés. Ces traces discursives seront recueillies, soit en interrogeant des acteurs, militants culturels, politiques et/ou syndicaux pour la fin du XXe siècle, soit en reconstituant et en explorant des corpus anciens dont certains seront numérisés. Une telle « restitution » mettra en relief les revendications qui apparaissaient dans le contexte d’émergence d’un espace public de discussion au sein des sociétés de l’océan Indien. L’hypothèse forte est que ces identités et ces positionnements, proposant des soutiens ou des alternatives aux pouvoirs, se racontent et sont mises en récit (Ricœur 1990, De Certeau, 1980) au fil des éléments du corpus.

Une pensée intellectuelle « endogène » (Beniamino, 1999) ressentie comme « légitime » ou « illégitime » se déploie dans ces espaces d’expression, au centre ou en marge des circuits officiels de diffusion de la pensée, comme, par exemple, les revendications du local, la valorisation des langues dominées, l’exploration de la « culture de la nuit » chère au poète réunionnais Alain Lorraine. Il s’agit donc de restituer ces productions culturelles en les contextualisant d’un point de vue sociohistorique.

Une autre interrogation, d’ordre communicationnel, est liée aux modes de circulation et de diffusion des idées exprimées par les acteurs des différents mouvements. L’hypothèse est que la fabrication de la propagande et de la contre-propagande peut être considérée comme un continuum au sein d’une chaîne de production et de diffusion.

Quels sont, dans tel ou tel domaine ou tel ou tel thème, les enjeux de la propagande et de la contre-propagande spécifiques aux territoires de l’océan Indien ? Comment l’histoire est-elle déformée, mythifiée, sublimée ; quelles caricatures ? Quel style ? Quelles émotions ? Quels sont les publics visés ? Quels procédés ? quelles fantasmatiques, quelles représentations et quels imaginaires ? Autant de questions que l’on peut, d’emblée, se poser sur les modalités artistiques, communicationnelles, esthétiques, stylistiques, discursives ou sémiotiques, conscientes ou inconscientes des écrits de propagande et de contre-propagande, des œuvres revêtant une dimension militante. Malgré un accès difficile à la parole et aux médias, des contre-discours ont pu se faire entendre. Quelles ont été les motivations ? Quels ont été les obstacles et les polémiques ? Y avait-il un écart entre les paroles privées, les actes et la propagande ? La propagande avait-elle des motifs commerciaux [lien publicité/propagande] ? Pour tous ces motifs et, pour toutes ces thématiques, quelle réception ? Quel impact ? 

 

Contact

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 1er décembre 2017 à :

Carpanin Marimoutou : jean-claude-carpanin.marimoutou @ univ-reunion.fr

Françoise Sylvos : francoise.sylvos @ co.univ-reunion.fr

Bernard Idelson : bernard.idelson @ univ-reunion.fr

Réponses du comité scientifique : 1er mars 2018