Les étudiants ne pouvaient plus attendre et ils sont passés à l'action. Arts graphiques et politique dans le Mexique post 68Reportage photo

Commissariat : Annabela Tournon

Les étudiants ne pouvaient plus d’attendre et ils sont passés à l’action est une exposition qui raconte une histoire collective : la création d’une école d’art par de jeunes artistes qui allaient former, en 1977, le groupe Mira. Les étudiants : il s’agit de ceux qui, peu de temps auparavant, avaient participé au mouvement de 1968, de juillet à octobre. L’action : elle se déroule au Mexique dans les années 1972-1974, dans la ville de Puebla –une ville emblématique des échanges franco-mexicains puisque les armées françaises de l’empereur Maximilien y capitulèrent, en 1862, comme le rappelle un tableau de Manet. Le titre de l’exposition provient d’une des affiches réalisées par les artistes, exposée ici à La Box, sur laquelle on peut lire en lettres bleues sur fond rouge : « Los campesinos no pueden esperar más y han pasado a la acción. Ramón Danzós Palomino. UAP 73[1] ». Étudiants, paysans, ouvriers métallurgistes, vendeurs ambulants, cheminots, travailleurs du bâtiment, etc. : la société mexicaine se soulève et ses différents secteurs se solidarisent, en générant de nombreuses expérimentations poétiques et politiques : on parle de « universidad fábrica », on repense la question d’un « gobierno colectivo » dans les écoles d’art, on monte des pièces de théâtre en soutien à des ejidatarios[2] en lutte contre un cacique de la Sierra Norte… On est en 1973, une année clé de l’histoire contemporaine, où s’amorce un retour à l’ordre après deux décennies de lutte pour l’émancipation : la révolution cubaine, l’Unité Populaire d’Allende au Chili, les révoltes des communautés Africaines-Américaines et Latinos aux États-Unis, l’insurrection estudiantine mondiale, le « mayo francés » se nourrissent et s’inspirent alors mutuellement.